Valorisation du lactosérum de fromagerie
Un consortium d'acteurs clés du secteur laitier s'est uni pour redéfinir l'utilisation du lactosérum et en faire une ressource précieuse!
En 2022, la Suisse a produit environ 3,7 millions de tonnes de lait, dont 46.8% (soit 1,7 million de tonnes) ont été transformées en fromage, quark et séré, générant ainsi environ 1.4 million de tonnes de petit-lait. Cependant, les filières traditionnelles de valorisation du petit-lait, telles que la production de poudre, d'isolats ou de concentrés de protéines, atteignent leur saturation, devenant de moins en moins rentables. Ajoutons à cela la charge environnementale considérable du lactosérum, avec une concentration de 50 à 90 g/l de DCO, rendant son élimination coûteuse. Face à ces défis, la HES-SO Valais Wallis (Institut Technologies du Vivant), la HEIA-FR (Institut iRAP - Institut de Recherche Appliquée sur les Plastiques), et la HEIG-VD, en collaboration avec les partenaires industriels fribourgeois Cremo et Translait, ont uni leurs forces pour explorer des voies novatrices de valorisation du petit-lait.
Le lactosérum, source d'opportunités durables
Avec une teneur aqueuse moyenne de 93%, le lactosérum contient environ 45 à 50 g/l de lactose et une concentration de protéines de 6.0 à 8.0 g/l, complétée par des sels minéraux (5.0 à 7.0 g/l). Le projet propose une approche de valorisation intégrée, débutant par la séparation des protéines et du lactose par filtration membranaire, permettant ainsi l'exploitation distincte de ces deux composants majeurs. Cette démarche conduit à l'obtention d'un liquide, le perméat, renfermant le lactose et les minéraux, et d'un concentré de protéines, le rétentat, associé aux sels. Ces protéines seront ensuite utilisées dans la fabrication de films destinés à l'emballage, nécessitant des propriétés mécaniques rigoureuses telles que l'étirabilité et la résistance à la traction. Pour améliorer ces propriétés, le projet propose l'ajout d'une couche de cutine, une cire d'origine végétale, liée de manière covalente aux protéines par dépôt à travers un faisceau de plasma froid.
Double impact environnemental : biogaz et réduction de la pollution
La fraction contenant le lactose sera valorisée directement sur site par digestion anaérobie, générant ainsi du biogaz. Ce biogaz, une énergie renouvelable facilement accessible, pourra être utilisé localement pour chauffer l'eau, le lait ou les bâtiments. Cette approche innovante offre non seulement une source d'énergie renouvelable, mais réduit également de manière significative la charge polluante des effluents.
Avec le soutien de Fribourg Agri&Food, ce partenariat entre institutions académiques et entreprises locales s'engage dans la création d'un modèle de valorisation du petit-lait novateur et durable. C'est une étape significative vers un secteur laitier suisse plus efficient, respectueux de l'environnement, et en constante recherche d'opportunités innovantes.
L’appel à projets systémiques a pour objectif de promouvoir et de soutenir des initiatives pluridisciplinaires novatrices et systémiques, démontrant un fort potentiel d'impact tant sur le plan économique que sur celui de la durabilité.